Biodiversité : le peuplement en Rhopalocères de deux collines de la région de Yaoundé, Cameroun (Lepidoptera)
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Lorsque, en 1981, j'ai commencé, sans me douter de la tournure que prendraient les choses, à m'intéresser aux papillons, c'est tout naturellement vers le Mont Fébé que je me suis d'abord dirigé. De longue date en effet, cette colline proche de la ville de Yaoundé a été le rendez-vous des « chasseurs du dimanche », attirés là par la commodité d'accès et la richesse apparente de la faune. Cette richesse n'est pas seulement apparente : le temps passant, je me suis rapidement rendu compte que chaque sortie était l'occasion de récolter une ou plusieurs espèces non encore observées.

C'est ainsi qu'est née l'idée de recenser la totalité des espèces de Lépidoptères Rhopalocères observables sur le Mt Fébé : ce travail débutait en avril 1982 et lorsque, en juin 1986, l'accès de la colline me fut définitivement interdit , leur total dépassait les 700 espèces (Hespérides inclus), pour environ 1200 heures d'observation.

Fort de cette première expérience, et à des fins de comparaison, j'ai cherché une autre colline dont les caractéristiques étaient analogues à celles du Mt Fébé : mon choix s'est finalement porté sur le Mont Messa, encore plus proche de la ville, mais d'un accès un peu plus difficile. Sur cette seconde colline, dont la prospection a donc démarré en septembre 1986, le travail a été, dès le début, réalisé de façon plus scientifique. Environ 820 heures d'observation ont permis d'y recenser environ 640 espèces différentes.

 

Il faut souligner que si la diversité spécifique de ces deux sites est remarquable, j’ai également prospecté d’autres localités camerounaises très riches en Lépidoptères. Si j’ai choisi de présenter les résultats relatifs aux Rhopalocères de ces deux collines, c’est qu’elles sont les seules à avoir été étudiées systématiquement : il m’aurait été matériellement impossible de faire preuve de la même assiduité sur plusieurs sites.

Si la richesse spécifique de plusieurs sites sud-américains a été déterminée (voir, par exemple, Emmel and Austin, 1990, et les références citées), le seul travail de même nature réalisé en Afrique concernait deux localités situées au Nigéria, l'une en milieu secondaire proche de Lagos (Larsen, 1979), l'autre en milieu forestier, dans la réserve forestière de Gambari (Riley, 1970). Ces auteurs ont répertorié respectivement 376 et 381 espèces dans ces localités, dans des conditions analogues à celles de la présente étude, des chiffres déjà considérés comme tout à fait impressionnants. Ils n’ont toutefois guère approfondi l’étude de la faune de ces localités.

J’ai donc accumulé de nombreuses informations et données dans un domaine où elles font notablement défaut, de façon quelque peu paradoxale si on considère que les Lépidoptères sont un groupe essentiellement tropical (Ehrlich, 1984). Ces informations concernent par ailleurs un grand nombre d’espèces, réparties dans toutes les familles, ce qui peut constituer un début de réponse au voeu émis par Ehrlich que soit élargi l’échantillonnage des espèces étudiées. Ces informations permettront d’étudier, outre la diversité spécifique des deux collines, la répartition des espèces dans les différents biotopes.

         
   
Mont Fébé :
le chemin d'accès au sommet
(arrière plan : la ville de Yaoundé)

Mont Fébé :
la forêt secondaire sommitale
(avec un piège « à Charaxes »