Niche
temporelle : la partition du temps de vol chez les Epitola Westwood
(Lepidoptera, Lycaenidae) |
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Résumé Les observations qu'a réalisées l'auteur sur plusieurs espèces d'Epitola montrent sans équivoque que les mâles de quatre espèces proches volent à différentes heures du jour et que cette ségrégation est en relation avec la taille du papillon. Le comportement des femelles est différent. |
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S. (S.) annae, mâle |
S. (S.) annae, femelle |
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Introduction L'idée que le temps de vol puisse être, au même titre que l'habitat ou les ressources, un facteur de ségrégation entre des espèces de papillons, en général voisines, a déjà été évoquée (Gilbert, 1984, Gilbert & Singer, 1975). Les données disponibles sont limitées (par exemple Owen 1971) et concernent le partage du temps à l'échelle de l'année, plusieurs auteurs ayant préféré une approche plus globale et étudié la variation de la diversité spécifique, pour des espèces de la zone tempérée (Shapiro, 1975), ou tropicale (Emmel & Leck, 1970). Pour ce qui est de l'étude des heures de vol, elle concerne plutôt des Hétérocères (Robert, 1980), probablement grâce aux facilités offertes par le piégeage lumineux. Aucun travail similaire n'a été réalisé sur des Rhopalocères, l'étude de l'activité des Colias (Kingsolver, 1983) portant davantage sur les durées de vol, en relation avec les stratégies de reproduction. Le travail présenté ici constitue donc le premier exemple de partition du temps de vol quotidien, observé chez des Epitola, un genre de Lycaenides africains. Bien que les Epitola soient en général considérés comme des papillons rares, certaines collines des environs de Yaoundé (Cameroun), notamment le Mt Fébé, en abritent de nombreuses espèces. Plusieurs d'entre elles (E. zelza Hewitson, E. uniformis Kirby*, E. leonina Staudinger*, E. badura Kirby, E. convexa Roche* et E. subalba Bethune Baker*) y sont assez abondantes, et jai assez rapidement remarqué que certaines d'entre elles ne volaient jamais ensemble à une heure donnée de la journée (on peut par contre les trouver toutes à n'importe quelle période de l'année). Jai donc entrepris de noter de façon systématique lheure exacte de capture de chaque spécimen (compte tenu de la ressemblance entre les différentes espèces impliquées, la capture est indispensable à l'identification). Cette étude, réalisée tout dabord sur le Mt Fébé doctobre 1985 à juin 1986 fut poursuivie pendant trois années supplémentaires sur une colline voisine, le Mt Messa (sauf pour E. convexa, absent de ce site). Elle porte au total sur environ 660 spécimens, dont seulement 40 femelles. Les résultats m'ont semblé suffisamment nets pour être publiés : même si leur interprétation est loin d'être évidente, les faits sont là, « têtus ». Je proposerai néanmoins quelques éléments de réflexion. Ces résultats sont présentés, pour chaque espèce, sous forme dun histogramme : les heures de capture sont portées en abscisses, par tranches de 15 minutes, et le nombre dindividus capturés pendant ces 15 mn est porté en ordonnées. Le nombre total de spécimens capturés, N, est également donné pour chaque espèce. |
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* La Révision des Epitola (l. s.), réalisée quelques années après cette étude, a montré que la plupart des identifications étaient fausses, ce qui ne change bien entendu rien aux conclusions de l'étude. Les modifications sont : E. uniformis Kirby devient Stempfferia (Stempfferia) cinerea
(Berger) ; |
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