Contribution à l'étude des Lycaenidae africains

Révision* du genre Lachnocnema Trimen (Lepidoptera, Lycaenidae)

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* Cette révision a été publiée en 1996 en trois parties, dans trois numéros consécutifs de la revue Lambillionea.

Introduction

Quand Trimen créa le genre Lachnocnema en 1887, celui-ci ne comprenait que deux espèces : L. bibulus, décrit dès 1793 par Fabricius, et L. durbani, qu’il décrivait dans le même article. En 1920, il en comporte huit, qu’Aurivillius, dans la seule étude d'ensemble du genre, sépare en deux groupes : les petites espèces (bibulus et durbani, auxquelles se sont ajoutées exiguus Holland en 1890 et brimo Karsch en 1893), et les grandes (reutlingeri Holland 1892, magna Aurivillius 1895, busoga Bethune-Baker 1906 et divergens Gaede 1915). Cette classification, si elle n’est guère scientifique, avait le mérite de la clarté et de la simplicité. Le groupe des grandes espèces sera d’ailleurs conservé ici.

Par la suite, six espèces furent décrites : obliquisigna et rectifascia (Husltaert, 1924), disrupta (Joicey & Talbot, 1935) et jacksoni (Stempffer, 1967), qui font partie des petites espèces, ainsi que makakensis (Birket-Smith, 1960) et camerunica (D'Abrera, 1980), qui se rangent parmi les grandes.

Dès 1965, Fox constatait que la révision des Lachnocnema était "badly needed", et les commentaires de Larsen (1991) vont dans le même sens. Effectivement, en voulant identifier ceux que j’avais capturés au Cameroun, j'ai été amené, devant la confusion qui régnait dans le genre, à revoir la totalité des espèces.

Tous les types existants, ainsi qu’environ 3000 spécimens ont été examinés, ce qui représente, sinon la totalité, du moins une très forte proportion des Lachnocnema récoltés à ce jour. Il était impossible de les disséquer tous (ce qui aurait été l’idéal) : 796 spécimens des deux sexes ont été sélectionnés, et leurs genitalia examinés. Les spécimens choisis sont souvent les moins facilement identifiables : il est donc normal qu’un certain nombre se soient avérés inclassables (une vingtaine au terme de l’étude).

L’étude des genitalia mâles est la clé de voûte de cette révision : elle a non seulement permis de mettre en évidence des différences au niveau spécifique, mais aussi de définir six groupes d’espèces, qui portent le nom de l’espèce du groupe la plus anciennement décrite. Ces groupes seront étudiés successivement, après l’exposé des caractères généraux du genre.

Chaque espèce est ensuite décrite, de façon plus comparative que strictement descriptive, en évitant, pour l'habitus comme pour les genitalia, les longues descriptions, inutilisables dans la pratique, compte tenu de l'importance des variations individuelles et de la très grande ressemblance de la plupart des taxons.

Ces descriptions sont précédées de la présentation des types, suivie de l’aire de répartition du taxon. Celle-ci est en général basée sur le seul matériel dont les genitalia ont été préparés, à l’exception des quelques cas où cette préparation n’est pas indispensable à l’identification (pour l’essentiel, il s’agit des femelles du groupe "des grandes espèces"). Les aires de répartition sont illustrées par des cartes de répartition. Malgré le soin qui y a été apporté, il n’a pas été possible de situer la totalité des localités de récoltes (par exemple en Angola) : la représentation peut s’en trouver légèrement faussée dans les quelques cas où le nombre de localités est réduit.

Dans la rubrique « Iconographie complémentaire », sont commentées les photos publiées dans les deux ouvrages généraux les plus facilement accessibles (D’Abrera 1980 et Berger 1981), ainsi que dans quelques publications citées.

Au terme de cette étude, la taxonomie du genre est considérablement modifiée. La dernière liste disponible (Stempffer 1967) comportait 8 espèces, auxquelles il convient d’ajouter jacksoni Stempffer, décrit la même année, soit 9 espèces. Deux d'entre elles (brimo Karsch et busoga Bethune-Baker) sont mises ici en synonymie, tout comme makakensis Birket-Smith et camerunica d’Abrera, respectivement décrites en 1960 et 1980. Inversement, laches Trimen (non citée par Stempffer), emperamus Snellen et luna Druce sont « réhabilitées », tandis que 25 nouvelles espèces, et deux sous-espèces, sont décrites et le genre compte désormais 36 espèces.

 
Lachnocnema exiguus, femelle
 
             
Lachnocnema magna, femelle  
                     
     
Lachnocnema r. reutlingeri, femelle
 
                 
         
Lachnocnema vuattouxi, femelle