Autre publication (reprise dans la révision)  
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Le genre Ornipholidotos Bethune-Baker au Cameroun ;
description du genre Torbenia n. gen. et de onze espèces

         
Torbenia larseni
Révision des genres Ornipholidotos et Torbenia : présentation
               

Le genre Ornipholidotos a été créé par Bethune-Baker (1914) après qu’il ait constaté que les genitalia mâles de Pentila muhata Dewitz étaient très différents de ceux des autres espèces de Pentila. C’est Stempffer (1947) qui consacra le premier un article au genre Ornipholidotos ; dans ce travail, il notait déjà que Bethune-Baker n’avait pas précisé quelles espèces, autres que muhata, il incluait parmi son nouveau genre. Stempffer suggérait qu’il faut comprendre que le genre Ornipholidotos regroupe toutes les espèces constituant le troisième groupe de Pentila d’Aurivillius (in Seitz, 1923), c’est-à-dire muhata Dewitz, peucetia Hewitson, kirbyi Aurivillius, ntebi Bethune-Baker, tirza Hewitson et paradoxa Druce, effectivement décrites comme Pentila, mais aussi sylpha Kirby, sylphida Staudinger et perfragilis Holland, décrites comme Larinopoda, soit un total de neuf espèces (peuceda Grose-Smith, aussi décrite comme Larinopoda et aujourd’hui considérée comme une sous-espèce de peucetia n’est pas pris en compte). Stempffer lui-même montrera plus tard la justesse de ce point de vue (1967), mais il aurait pu ajouter les deux espèces décrites par Hawker-Smith en 1933, toujours comme Pentila (emarginata et latimargo). Stempffer est aussi à l’origine du remplacement de Pentila muhata par Pentila kirbyi comme espèce type.

Après 1947, ce sont d’abord les travaux de Stempffer qui ont enrichi le genre, puisqu’il a décrit quatorze espèces supplémentaires ; d’autres auteurs ont apporté des contributions ponctuelles non négligeables, Kielland avec deux espèces (tanganyikae, 1984, et nguru, 1987) et Collins & Larsen, avec six espèces (dowsetti, kivu, nancy et stempfferi en 2000, irwini et jax en 2002). Toutes ces descriptions sont essentiellement basées sur l’étude des genitalia mâles.

En 2000, Libert, dans un article consacré aux Ornipholidotos du Cameroun, a précisé les caractères du genre et mis en évidence le grand intérêt des genitalia des femelles. Ce travail a montré que le genre était loin d’être aussi homogène qu’on l’avait pensé, et que non seulement on pouvait distinguer plusieurs groupes d’espèces, mais que trois espèces (aurivilliusi Stempffer, 1967, larseni Stempffer, 1967, et stempfferi Collins & Larsen, 2000) devaient être rangées dans un genre distinct, caractérisé par des genitalia fort différents pour les deux sexes et le tarse segmenté des mâles. Il nomma ce genre Torbenia, et ajouta deux espèces, persimilis et wojtusiaki, aux trois espèces précédentes. Neuf nouvelles espèces d’Ornipholidotos furent aussi été décrites dans cet article. Le genre Ornipholidotos comptait donc alors 43 espèces (et le genre Torbenia cinq), et l'on verra que, à une exception près, elles sont toujours valides.

L’article traitant des espèces camerounaises n’avait cependant pas permis d’examiner toutes les espèces de façon approfondie, et il est rapidement apparu qu’il fallait reprendre cette étude à l’échelle du continent tout entier, et c’est le but du présent travail. L’examen de la quasi-totalité du matériel récolté à ce jour et la dissection d’un nombre important de spécimens (1065 mâles et 773 femelles) appartenant à toutes les espèces décrites a confirmé l’extraordinaire intérêt des deux genres. Il a aussi permis d’écrire un nouvel épisode de l’imbroglio systématique autour de l’espèce type d’Ornipholidotos, et de nombreux nouveaux taxons (21 espèces et 13 sous-espèces) sont encore décrits.

Au terme de cette révision, le genre Ornipholidotos compte 62 espèces (et 14 sous-espèces) et le genre Torbenia 5 espèces et 2 sous-espèces. Ce nombre relativement élevé témoigne d’un succès certain sur le plan évolutif, quelque peu inattendu pour des papillons d’aspect aussi fragile. Une remarque de van Someren (1939) sur l’odeur désagréable qui émane d’une sécrétion jaune émise par le corps (d’O. peucetia dans ce cas) fournit peut-être une piste, en suggérant que les Ornipholidotos pourraient être protégés, au moins au stade imaginal.

L’examen des caractères génériques confirme que Torbenia et Ornipholidotos sont des genres frères et montre que ce dernier est toujours hétérogène. Trois grands ensembles, qualifiés de « super-groupes » d’espèces, sont distingués (super-groupes d’O. kirbyi, d’O. tirza et d’O. peucetia) ; ils comportent respectivement sept, trois et un groupes d’espèces. Les relations entre ces taxa sont illustrés par une proposition de phylogénie.

Les genres Ornipholidotos et Torbenia sont ensuite révisés, selon une présentation semblable à celle des travaux précédents de l’auteur. Etant donnés l’importance et la complexité des genitalia, une attention particulière a été accordée aux illustrations, et 54 figures, le plus souvent des planches avec plusieurs dessins comparatifs, sont proposées. Quelques photos en noir et blanc, réalisées avec un appareil numérique à travers l’un des oculaires, sont aussi données, bien qu’elles soient de qualité médiocre. Celle des six planches couleur dans lesquelles tous les taxons sont illustrés devrait être bien meilleure.
Une dernière partie fournit et commente les données relatives à la biogéographie des Ornipholidotos et des Torbenia ; elle est complétée par la liste des taxons par pays, donnée en annexe. Dans ces parties, tout comme dans la répartition donnée pour chacun des taxons, la République démocratique du Congo (« Congo–Kinshasa ») est désignée sous le nom de Zaïre, plus court et qui évite les confusions avec la République du Congo (« Congo–Brazzaville »). Celle-ci, qui s’est aussi appelée « République Démocratique Populaire du Congo », est appelée ici Congo. De même, la partie sud du Zaïre est désignée par Shaba, plutôt que par Katanga.

Il m’a enfin semblé utile de réaliser une sorte de guide pratique inspiré de mon expérience dans l’identification des Ornipholidotos : il est proposé dans une seconde annexe.